Mercredi 19 février 3 19 /02 /Fév 17:26

Un petit vent d’ouest ride la surface bleue de l’océan. Il fait beau, très chaud même pour cette région de Bretagne. Dès le début de l’après-midi, les habitants ont pris l’habitude de se calfeutrer derrière les volets de leur maison de vacances et d’attendre tranquillement au frais la fin de la journée. Pourtant en ce jeudi 15 août 2013, une fiat 500 rouge fonce gaiement sur la route qui mène à la gare de Kernach. Les cheveux ébouriffés par le vent qui s’engouffre à travers les deux fenêtres aux vitres baissées, la conductrice est radieuse : son sourire éclatant dévoile une dentition parfaite,  de petites rides malicieuses autour de ses yeux attirent l’attention sur son regard ironique constellé de paillettes vertes. Toutefois elle reste concentrée sur sa conduite et aborde les virages qui suivent cette côte sauvage avec prudence même si elle les connaît par cœur depuis de longues années.

Elle s’appelle Claudine mais tout le monde a pris l’habitude de l’appeler Claude depuis qu’elle est toute petite. Le garçon manqué qu’elle a toujours été est devenu cette superbe jeune femme qui se hâte vers sa destination.

Plus elle approche de la gare et plus son cœur bat vite : elle s’apprête à récupérer ses deux cousins et leur sœur à la gare. Cela fait si longtemps qu’ils ne se sont pas vus tous les quatre ! Des années qui ressemblent à une éternité ! Dire qu’ensemble ils ont vécu tellement d’aventures ! Il suffisait qu’ils se retrouvent au même endroit pour que tous les bandits de la terre s’y donnent rendez-vous ! Malgré elle, la chanson de Patrick Bruel n’arrête pas de tourner en boucle dans sa tête depuis qu’elle s’est levée ce matin : « On s’était dit rendez-vous dans 10 ans… », c’est un peu ça, ça va faire exactement onze années qu’ils n’ont plus été réunis. Les aléas de la vie ont fait qu’ils se sont perdus de vue, chacun prenant une direction différente de celle des autres. Pourtant, il a juste suffi d’un message d’Annie Gauthier sur Facebook pour que tous les quatre se mettent d’accord pour se revoir et quand il a fallu choisir le lieu de cette rencontre, Kernach a été un choix évident pour tous : la maison des parents de Claude leur est toujours ouverte, même si ceux-ci sont maintenant contraints de rester sur Quimper, le papa de Claude ne se déplaçant plus qu’en fauteuil roulant. Dès qu’elle en a parlé à sa mère,  madame Dorsel, Claude s’est vu remettre les clés de la maison avec toute une liste de recommandations pour le couple qui vit sur place et qui a la charge d’entretenir cette bâtisse familiale devenue elle-aussi une résidence d’été.

Pourtant une ombre vient altérer cette joie et un léger voile ternit le regard de Claude : le souvenir de Dagobert, son fidèle ami, parti vers le paradis des chiens il y a déjà six ans… Son chien adoré s’est éteint pratiquement dans ses bras, après une longue vie passée auprès d’elle, il la suivait même au pensionnat où ses parents l’avaient inscrite, petite boule de poils qui glapissait de joie le soir en retrouvant sa maitresse chérie. Que de souvenirs tous plus joyeux les uns que les autres. Aucun autre chien n’a depuis remplacé ce fidèle compagnon enterré au fond du jardin, tout près d’un terrier de lapins, lui qui adorait tant les poursuivre !

Claude soupire mais retrouve vite sa bonne humeur : la petite route suit la côte sauvage et elle aperçoit à quelques encablures son île, l’île de Kernach, un tas de cailloux surmonté des ruines d’un château, propriété de sa famille depuis des lustres. Cette île a été le décor de plus d’une aventure, et Claude a projeté d’aller y camper toute la semaine prochaine avec ses cousins, histoire de se rappeler les bons moments de leur enfance et pour goûter de nouveau au plaisir d’être ensemble.

La gare apparaît enfin, Claude est en avance. Elle arrive en trombe sur le parking qui la jouxte et trouve une place pour se garer. Elle ferme les vitres des portières, descend de sa voiture et se dirige vers le quai.de la petite gare. Tous les regards des voyageurs présents remarquent cette silhouette androgyne toute en souplesse, ces longues jambes fines moulées dans un jeans slim taille basse laissant apparaitre un piercing au niveau du nombril, le ventre plat et bronzé et surtout ces yeux étincelants et pétillants d’un bonheur imminent, le visage auréolé de cheveux bruns et courts, tout emmêlés par le vent.

Claude regarde sa montre puis le panneau d’affichage : cinq minutes, cinq minutes à attendre et les quatre seront de nouveau réunis comme au bon vieux temps. Elle fait quelques pas, vérifie son allure dans la vitre d’une porte, va vers l’extrémité du quai et revient sur ses pas. Ça y’est, le TGV en provenance de Rennes est annoncé par la traditionnelle voix de la SNCF. Son cœur bat plus fort, dans quelques minutes maintenant… Le mufle de la locomotive apparaît soudainement et le train rentre en gare. Il file le long du quai et finit par s’immobiliser dans un grincement de freins. Le silence retombe puis les portières s’ouvrent, libérant les vacanciers impatients !

-Claude !

- Annie, François, Mick !!!!

Ils tombent dans les bras l’un de l’autre mais avec un peu de retenue : comment reconnaître les garçons de ses souvenirs dans ces deux beaux jeunes hommes grands et musclés ? Et cette gamine toute timide qu’était Annie, c’est vraiment cette fille superbe en mini-jupe, les cheveux blonds et longs, les yeux bleus et un sourire éclatant sur des joues constellées de tâches de rousseur ?

- T’es superbe ! dit Claude à Annie…

- T’es pas mal non plus, lui rétorque sa cousine, alors les gars, on ne dit plus rien ?

François sourit, Mick observe sa cousine qu’il n’a pas vue depuis des années… Les deux finissent par éclater de rire :

- Le temps a filé ! conclut François pour briser la gêne qui s’est installée entre eux.

Les filles sourient puis tous se dirigent vers la petite voiture de Claude. Après quelques difficultés à caser les trois valises, les garçons se tassent à l’arrière tandis qu’Annie monte devant, laissant apercevoir un éclair blanc sous sa mini-jupe dans le mouvement de ses jambes pour entrer dans la Cinquecento…

Le trajet du retour s’effectue sous un beau ciel bleu, personne ne parle mais tous les quatre contemplent le paysage magnifique :

- On va aller dans ton île ? demande Annie à Claude…

- Oui, j’ai prévu qu’on aille y camper toute la semaine si le cœur vous en dit !

- Superbe idée ! acquiesce Mick resté silencieux jusqu’à maintenant…

La villa des parents de Claude est une belle bâtisse à étage située au bord de la mer : un sentier escarpé au fond du jardin permet de descendre dans une petite crique isolée et de profiter pleinement du sable fin, du soleil et du bon air marin. Lorsque Claude arrête son auto dans la cour, le silence retombe et tous les quatre se précipitent pour retrouver leurs chambres d’antan là-haut sous les combles. Un homme en train de tailler les rosiers se relève et les regarde approcher de l’entrée de la demeure : il a un chapeau de paille planté sur le crâne, un sécateur à la main, il est vêtu d’un teeshirt blanc et d’un jeans, ses grosses chaussures laissent des traces profondes dans le parterre de rosiers. Son regard est sombre, il est grand et musclé même si un léger embonpoint lui donne des hanches un peu enveloppées.

- Hum, souffle Annie dans l’oreille de Claude, on dirait le jardinier de Lady Chatterley !

Claude sourit, s’arrête et présente l’homme :

- Monsieur Friot, voici mes cousins, Mick et François, et ma cousine, Annie… Monsieur Friot s’occupe du jardin en l’absence de mes parents et sa femme est chargée d’entretenir la maison. Elle nous servira aussi de cuisinière…

Tous les quatre ont une pensée émue pour la cuisinière de leur enfance, la bonne Maria, qui officiait lorsqu’ils étaient petits. Monsieur Friot jette un œil perçant sur Annie qui ne peut s’empêcher de rougir, puis dit :

- Je vous en prie, appelez-moi Marco. Soyez les bienvenus !

Puis il se penche de nouveau mais ne peut s’empêcher de jeter un regard concupiscent sur la silhouette d’Annie qui s’éloigne en roulant des hanches… Les quatre jeunes gens entrent dans la maison et se précipitent vers leurs chambres.

Par Tiffany - Publié dans : Le Club des Cinq, dix ans après... - Communauté : BATIFOLAGES
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